Monsieur le Ministre,
A l’occasion de la manifestation de ce jour, l’Assemblée des Tchétchènes d’Europe et toutes les associations soussignées, souhaitent vous faire part de la position de la diaspora tchétchène et ingouche concernant l’insécurité et le trafic de stupéfiants dans les quartiers populaires de France.
Nous sommes une diaspora qui a fui une guerre sanglante en Tchétchénie qui a fait plusieurs centaines de millier de morts. Notre volonté a toujours été de nous intégrer au sein de la société française. Nous avons été accueillis par la France durant l’un des moments les plus tragiques de notre histoire.
La France nous a offert la chance de travailler sur son sol, d’entreprendre et aux plus jeunes d’entre nous d’étudier gratuitement. Les cadres tchétchènes d’aujourd’hui qui travaillent au sein des grands groupes ou dans les administrations publiques, les juristes, les banquiers, les architectes, les médecins etc. sont les enfants d’hier que la France a bien voulu prendre sous son aile, ces mêmes enfants qui ont connu l’horreur engendré par une guerre dévastatrice. Nous ne cessons de remercier la France pour ce qu’elle a fait pour nous et nos enfants. C’est bien pour cela que nous nous efforçons d’être utile à la société française.
Le mercredi 17 mars 2021 un de nos jeunes, Hamzat Labazanov, a été abattu de sang-froid par un criminel déjà connu de la justice pour notamment le trafic de stupéfiants.
Hamzat n’était ni un criminel, ni un délinquant. Il s’était particulièrement bien intégré à la société française et était engagé dans une activité professionnelle avec pour objectif de réussir dans la vie.Tout comme la grande majorité des membres de notre diaspora, qui rappelons-le, est encore jeune sur le sol français, la famille de Hamzat vit dans un quartier populaire, un de ces quartiers victimes des conséquences néfastes engendrées par le trafic de stupéfiants. Hamzat, qui avait des objectifs honorables dans la vie, ne s’est jamais approché de ces trafiquants, jusqu’à ce qu’ils
viennent s’installer dans le hall de l’immeuble où il habitait. Ne supportant plus leur présence et leurs incivilités permanentes, Hamzat leur a demandé de partir et de vendre leur drogue ailleurs par souci du bien-être de sa famille et de ses voisins. Ainsi, c’est parce qu’il a voulu préserver les membres de sa famille et ses voisins contre ces racailles qui n’ont ni foi ni loi, ni respect pour autrui et qui n’hésitent plus à vendre des stupéfiants à la vue de tous, que le 17 mars 2021 il a été froidement abattu.
Ce n’est pourtant pas la première fois que cela arrive. Le vendredi 25 septembre 2020, c’est Akhmad Evloev (Mourzabekov) qui s’est fait froidement abattre. En 2018 c’est un jeune tchétchène se nommant Magomed qui a été abattu à Reims. Il ne s’agit malheureusement pas d’une liste exhaustive.
Au sein de notre culture, le trafic de stupéfiants est considéré non seulement comme illégal mais aussi et surtout honteux. C’est dans ce cadre que nos différentes associations effectuent un vrai travail de prévention, pour faire en sorte que nos jeunes ne tombent pas dans la drogue. C’est pour cela que nous appelons tous nos concitoyens à lutter dans le cadre légal contre l’insécurité et le trafic des stupéfiants dans ces quartiers. Ce n’est qu’en unissant nos forces, que nous pourrons y faire face. Evidemment, il ne s’agit pas de se substituer à l’Etat dans ses fonctions régaliennes. Il s’agit d’abord et avant tout d’apporter le soutien nécessaire aux forces de l’ordre qui font ce qu’ils peuvent avec les moyens dont ils disposent.
Enfin, nous voulons vous faire part de notre inquiétude sur le discrédit et la diffamation des personnes d’origine tchétchène qui conduit à des discriminations dans la vie de tous les jours.En effet, notre origine ne cesse d’être trainée dans la boue. L’assassinat de Hamzat en est la preuve, puisque dès le premier communiqué de presse du procureur de la République, il a été indiqué, sans aucune vérification préalable et simplement parce que la victime est d’origine tchétchène, qu’il s’agirait d’un « règlement de compte ». Nous refusons que de tels préjugés concernant les personnes d’origine tchétchène existent et nous n’aurons de cesse de nous battre pour nos droits pour réfuter ces préjugés.
Nous souhaitons pouvoir vous rencontrer Monsieur le Ministre, pour discuter des solutions possibles.
Nous espérons que notre appel sera entendu et vous prions de recevoir, Monsieur le Ministre,notre considération distinguée
Coordinateur de l’Assemblée des Tchétchènes d’EuropeAslan MOURTAZALIEV
Responsable du Service de Communication de l’Assemblée des Tchétchènes d’Europe Chamil ALBAKOV