Des associations tchétchènes ont «condamné fermement» lundi soir à Strasbourg les expéditions punitives lancées par des membres de la communauté contre des jeunes d’un quartier sensible de Dijon, tout en déplorant les «clichés» véhiculés contre les Tchétchènes. «Nous condamnons fermement l’initiative» lancée il y a près de dix jours par des membres de la communauté tchétchène contre des jeunes d’un quartier sensible de Dijon, a déclaré lors d’une conférence de presse Zelimkhan Chavkhalov, membre de l’Association tchétchène d’intégration (ATI).
«Nous sommes en France, nous devons respecter la loi française», a ajouté M. Chavkhalov, avocat de cette association qui s’était vue interdire ce week-end une manifestation contre le «discrédit» jeté sur leur communauté après ces heurts. «Mais nous disons aussi que (ce qui s’est passé à Dijon) n’est qu’une conséquence dont la cause est toute simple (…) : en France, il y a des endroits, des quartiers» où la police «n’intervient qu’une fois que le problème se pose», a estimé M. Chavkhalov.
Selon lui, les tensions à Dijon, auraient pour origine l’agression d’un jeune issu de la communauté tchétchène à qui l’on aurait mis un pistolet »dans la bouche« en lui disant : «Tu diras à tous tes compatriotes qu’on fera la même chose avec eux». Selon des participants aux expéditions punitives lancées par des membres de la communauté tchétchène, les agresseurs seraient des dealers d’origine maghrébine du quartier dijonnais des Grésilles. Cette expédition, «nous la comprenons, même s’il faut agir de manière légale», a poursuivi l’avocat, reconnaissant que certains aspects du «code d’honneur» tchétchène n’étaient «pas compatibles» avec la loi française. «Nous voulons passer un message de paix et de respect envers toutes les communautés», a tempéré Chokuev Naourbek, directeur de l’association Vivre. «On est en bons termes avec la communauté maghrébine», a renchéri Shamil Albakov, porte-parole de l’Association Tchétchènes d’Europe, qui fédère une trentaine d’associations sur le continent.
Plusieurs participants ont déploré les «clichés» sur les Tchétchènes véhiculés après ces heurts. «Nous sommes indignés par les idées dangereuses» comme «l’attribution d’une image négative à toute la communauté tchétchène», qui compte environ 60.000 personnes en France, dont 15.000 en Alsace, a déclaré Shamil Saiev, de l’ATI. Sur BFMTV, le maire LR de Nice, Christian Estrosi, avait notamment déclaré que «dans un certain nombre de quartiers de France, la communauté tchétchène, face à d’autres communautés, lutte pour avoir le monopole du marché de la drogue». L’ATI a annoncé vouloir porter plainte contre l’élu pour incitation à la haine.
Le Figaro