Reprenant le courrier type d’une association, les plaintes arrivent de toute la France pour « incitation à la haine ».
Une cinquantaine de plaintes pour incitation à la haine visant le maire de Nice ont été déposées par des membres de la diaspora tchétchène indignés par l’amalgame fait entre leur communauté et les trafiquants de drogue après des violences intercommunautaires, selon le parquet de Nice.
Un courrier type, lancé par une association tchétchène de Strasbourg, l’Association tchétchène d’intégration, selon nos informations, a débouché sur le dépôt « de plaintes sur ce chef d’infraction émanant d’une cinquantaine de personnes d’horizons géographiques différents à ce jour », a précisé le procureur de la République de Nice Xavier Bonhomme. Près de quatre cents plaintes auraient même en réalité été envoyées selon une source proche du dossier.
« LUTTE POUR LE MONOPOLE DU TRAFIC DE DROGUE »
Le 16 juin, au lendemain de violences à Dijon et au quartier des Liserons à Nice, Christian Estrosi avait déclaré sur BFMTV que « dans un certain nombre de quartiers de France, la communauté tchétchène, face à d’autres communautés, lutte pour avoir le monopole du marché de la drogue ». Une déclaration qui avait outre la communauté tchétchène dans l’Hexagone.
À Nice, des familles habitant des résidences HLM et souffrant au quotidien de la violence liée au trafic de drogue, s’étaient offusquées d’être pointées du doigt. Des associations niçoises regroupant des membres de la diaspora tchétchène avaient alors annoncé une plainte contre le maire, avant d’y renoncer après avoir été reçues par Christian Estrosi dès le lendemain, en pleine campagne pour le second tour des municipales.
« Nous avons rencontré le maire de Nice qui nous a manifesté son regret d’avoir stigmatisé toute une partie de nos concitoyens, ce n’était pas son but. Nous espérons que de tels propos ne se reproduisent plus », avait ainsi fait savoir la présidente de France Caucase Noura Makaïeva. Lors de la réunion, M. Estrosi « a insisté sur les dangers du communautarisme », selon la mairie.
« CONDAMNATION DE TELLES OPÉRATIONS PUNITIVES »
« Sans stigmatiser quelque communauté que ce soit, il a rappelé avec fermeté la condamnation de telles opérations punitives qui ne peuvent être tolérées sur le territoire national. Quelle que soit la provocation on ne peut accepter des scènes d’une telle violence », toujours selon la mairie.
Les 10, 11 et 14 juin, à Nice, une simple altercation dans une impasse bloquée par des vendeurs de drogue à l’aide de conteneurs à poubelles avait dégénéré en violences, avec des coups de barre de fer le premier jour, un blessé par balle et des coups de couteau le deuxième, et un autre homme blessé par balle le 14.
Deux suspects avaient été rapidement écroués pour tentative d’homicide en bande organisée, l’un né en France et l’autre à Lisbonne. Un troisième homme, 37 ans, de nationalité russe né au Daguestan, a été placé en détention provisoire et mis en examen pour violences aggravées, selon une proche du dossier. Quatre autres sont convoqués en comparution immédiate en juillet pour port prohibé d’un couteau.