Il y a 23 ans a été assassiné le premier président de la République tchétchène d’Ichkérie, D. Doudaïev

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Djokhar Moussaïevitch Doudaïev (en russe : Джохар Мусаевич Дудаев, en tchétchène : Дудин Муса кIант Жовхар), né le 15 février 1944 à Ialkhoroï et mort le 21 avril 1996 à Gekhi-Chu, est un ancien général de l’armée de l’air soviétique d’origine tchétchène et homme d’État, médaillé de l’ordre de Lénine. Il est le premier président de la République tchétchène lndépendante (à partir du 16 janvier 1994 République tchétchène d’Itchkérie) de 1991 à 1996.

Doudaïev voit le jour au village de Ialkhoroï dans la République socialiste soviétique autonome (RSSA) de Tchétchénie-Ingouchie, peu de temps avant que Staline ordonne la déportation de nombreuses populations (Tchétchènes, Ingouches, Balkars, Kalmouks, Tatars de Crimée etc) sous l’accusation de collaboration avec les nazis. Doudaïev grandit au Kazakhstan soviétique, où sa famille a été déportée.

Les déportés sont autorisés à rentrer en 1957 par Khrouchtchev 4 ans après la mort de Staline, ce que fait sa famille. Doudaïev prend des cours du soir pour devenir électricien. En 1962 il entre à l’école de pilotage militaire de Tambov et est diplômé en 1966. Il prétend à cette époque être Ossète pour éviter les discriminations contre les Tchétchènes. Il rejoint le Parti communiste en 1968 et étudie à la prestigieuse académie militaire Gagarine de 1971 à 1974. Il épouse à cette époque Alla, une poétesse russe, avec qui il aura trois enfants.

Il sert dans une escadrille de bombardiers lourds de l’armée de l’air en Sibérie et en Ukraine. Il monte régulièrement en grade et devient commandant de la base de Tartu, en Estonie, en 1987, avec le grade de major-général. Il apprend l’estonien et montre une grande tolérance pour le nationalisme local notamment lorsqu’il ignore l’ordre de fermer la télévision et d’arrêter les révolutionnaires dans le Parlement estonien.

En 1990, sa division est retirée d’Estonie à la suite de la « révolution chantante », prélude à l’indépendance de ce pays. Il démissionne de l’armée en mai et retourne à Grozny, pour se lancer en politique.

Carrière politique

En novembre 1990, il est élu chef du Comité exécutif du Congrès national tchétchène, qui réclame la souveraineté tchétchène et la formation d’une république de Tchétchénie-Ingouchie séparée de l’URSS.

En août 1991, Dokou Zavgaïev, le leader communiste de la RSSA exprime publiquement son soutien au putsch de Moscou contre le président de l’Union Soviétique Gorbatchev. Après l’échec du putsch, l’URSS va commencer à se désintégrer en républiques indépendantes, sans que Gorbatchev puisse s’y opposer. Le 6 septembre 1991, les militants du Comité exécutif du Congrès national tchétchène surgissent dans une session du Soviet de Tchétchénie-Ingouchie et obtiennent la dissolution du gouvernement.

Indépendance

Après une élection, en octobre 1991, qui confirme Doudaïev comme président de la nouvelle république tchétchène, il déclare l’indépendance en novembre 1991. La Russie refuse de reconnaître l’indépendance, mais hésite à utiliser la force contre les indépendantistes. La Tchétchénie est de facto un État indépendant.

Les Ingouches forment la République d’Ingouchie, qui ne revendique pas son indépendance et est officiellement intégrée à la Fédération de Russie en 1992.

Difficulté du régime

En 1993, le parlement essaie d’organiser un référendum sur la confiance que les Tchétchènes accordent à Doudaïev, pour prouver qu’il a échoué à consolider l’indépendance. Ce dernier réplique en dissolvant le parlement et d’autres organes du pouvoir.

Des groupes armés tchétchènes pro-Russes se constituent, et à plusieurs reprises au cours de l’année 1994, des coups de force, soutenus par les Russes, sont tentés contre Doudaïev mais ils échouent, notamment en novembre (opération appelée première bataille de Grozny). Après ces échecs, la Russie prépare une nouvelle opération militaire.

Première guerre (1994-1996)

Le 1er décembre 1994 les forces fédérales russes bombardent l’aéroport de Grozny et détruisent l’aviation (des avions d’entrainement réquisitionnés en 1991). Le 11 décembre 1994, cinq jours après que Doudaïev et le ministre de la défense russe Pavel Gratchev sont tombés d’accord pour désamorcer le conflit, les troupes russes envahissent l’Itchkérie.

Avant la chute de la ville de Grozny en mars 1995, Doudaïev se replie dans le sud avec ses forces et continue à dériger le combat. Un jihad est déclaré à la Russie par le mufti d’Itchkérie, Akhmad Kadyrov.

Mort

Doudaïev est tué le 21 avril 1996. Plusieurs versions de cette mort existent, et la Russie n’a jamais clairement donné sa version détaillée des faits. La version communément admise est celle de deux missiles guidés par laser alors qu’il utilisait un téléphone par satellite. Sa localisation aurait été faite par un avion de reconnaissance russe qui avait intercepté le signal du téléphone. D’autres avions sont déployés pour le localiser et tirer le missile. Doudaïev aurait été en conversation avec un député libéral de la Douma, Konstantin Borovoï.

Une théorie avance que la National Security Agency des Etats Unis serait impliquée, avec l’utilisation d’un de ses satellites ROEM pour faire la triangulation.

Son vice-président Zelimkhan Iandarbïev lui succède temporairement et continue la guerre. Le 6 août 1996 les troupes tchétchénes sont entrées dans Grozny et ont pris le contrôle de la ville. Après les tentatives ratées de reprendre le contrôle les forces armées russes ont été obligées de commencer les négotiations et finalement quitté le territoire de la République tchétchène d’Itchkérie.


Zelimkhan Iandarbïev et
Djokhar Doudaïev

En janvier 1997 aprés l’élection présidentielle, l’ancien chef de l’état-major et le Ministre de la défence d’Itchkérie Aslan Maskhadov a ramplacé Iandarbïev à ce poste.

Tergam.info