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La préfecture de la Manche à Saint-Lô (Manche) a ordonné, dans la matinée du lundi 15 avril 2019, l’expulsion d’un couple de Tchétchènes et leurs enfants.
« On ne veut pas que ces gens-là soient à la rue », s’est exprimé Joël Fraboulet, président du collectif d’aide aux migrants saint-lois, accompagné de la famille, ce lundi 15 avril 2019 après-midi dans l’église Notre-Dame à Saint-Lô (Manche).
Ce matin, Tamirlan Metsker, son épouse et leurs quatre enfants, âgés respectivement de 9 ans, 7 ans, 4 ans, et un en bas âge ont été priés de quitter leur hôtel, Le Petit Poucet où ils séjournaient ces dernières semaines, situé quartier de l’Enclos. Très vite arrivé sur place, Joël Fraboulet a tenté de négocier avec la préfecture pour obtenir une solution d’hébergement provisoire pour la famille tchétchène, qui se retrouve actuellement sans toit. En attendant, ils se sont réfugiés dans l’église Notre-Dame. La police municipale était également présente.
La banderole affichée par le collectif d’aide aux migrants dans l’eglise Notre-Dame à Saint-Lô (Manche) ce lundi 15 avril. – Dylan Dupray
Un titre de travail refusé
La famille est arrivée à Saint-Lô en août 2017. Tamirlan Metsker tente depuis bientôt deux ans de trouver un emploi, mais la préfecture refuse de lui donner le droit d’asile. Concernant une demande de permis de travail, la réponse se fait attendre. « Il a déjà reçu plusieurs offres dans l’industrie, l’ostréiculture, en encore dans l’agriculture », précise Joël Fraboulet. La famille vit sans revenus, elle bénéficie d’une aide de la part du Conseil général sous forme de « chèque alimentaire » ou encore par le biais des Restos du cœur. En attendant, ils souhaitent qu’un élu de la Ville se déplace afin de trouver une solution. « Le maire a des enfants, il ne peut pas rester indifférent à ça, il faut faire du cas par cas. De voir un bout de chou de 11 mois dans cette situation, c’est impensable ! » a confié une Saint-Loise venue soutenir la famille.
Une autre famille en situation précaire
Dans le même temps, une famille de Ouighoures arrivée en 2016, originaire du Kirghizstan, pays d’Asie Centrale, a vu sa demande d’hébergement provisoire acceptée par le chef-lieu. Le père de famille, handicapé, sa femme et leurs trois enfants résident actuellement à l’hôtel Formule 1. Mais tout cela reste provisoire. « Ils ont demandé une première demande d’asile qui leur a été refusée. Ils vont désormais faire une demande de titre de séjour pour ‘raisons médicales’, pour le mari, et une pour ‘vie privée familiale’. Il manque une seule pièce dans le dossier qui devrait être fournie rapidement », explique Joël Fraboulet.
La préfecture répond
Valérie Desquenes, directrice du cabinet du préfet de la Manche, précise à propos de la famille Tchétchène : « [elle] est arrivée en France il y a moins de deux ans et a été déboutée de sa demande d’asile à la fois par l’OFPRA et la Cour nationale du droit d’asile. C’est parce que cette demande d’asile a été définitivement rejetée que j’ai décidé de prendre à leur encontre une décision d’éloignement, que j’ai signée la semaine dernière. Cette obligation de quitter le territoire est accompagnée d’une invitation faite à cette famille de se rapprocher de l’Office français de l’immigration afin d’obtenir une aide financière au retour s’ils en expriment le souhait. Une prise en charge en termes d’hébergement est bien évidemment incompatible avec une mesure d’éloignement. Cette famille a vocation à quitter le territoire français et dispose de 30 jours pour organiser son retour. »
Concernant la seconde famille kyrgyze la préfecture indique que « le préfet, après examen de leur situation, a accepté de poursuivre la prise en charge. Elle sera donc hébergée jusqu’à ce qu’il soit statué sur sa demande de titre ».