Tchétchénie : inquiétudes autour de l’enlèvement de la mère d’un ancien avocat d’une ONG

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Ibragim Yangulbaev, réfugié en Europe, estime que sa mère paye pour son engagement et celui de son frère contre le régime du dirigeant tchétchène Ramzan Kadyrov. (image d'illustration)

Ibragim Yangulbaev, réfugié en Europe, estime que sa mère paye pour son engagement et celui de son frère contre le régime du dirigeant tchétchène Ramzan Kadyrov. (image d’illustration) AP – Musa Sadulayev


Les ONG de défense des droits de l’homme appellent les autorités russes à faire toute la lumière sur l’enlèvement de Zarema Moussaeva. Originaire de Tchétchénie, elle est la mère d’un ancien avocat de l’ONG Comité contre la torture et d’un critique virulent du régime de Ramzan Kadyrov. En fin de semaine, des hommes ont fait irruption dans son appartement à Nijni Novgorod, dans le centre de la Russie, et l’ont emmenée à des milliers de kilomètres de là, en Tchétchénie.

Zarema Moussaeva apparait dans une courte vidéo, diffusée par la télévision tchétchène : elle y affirme n’avoir subi aucun mauvais traitement et avoir reçu de l’insuline pour son diabète. Les autorités tchétchènes soutiennent que la mère de famille doit être interrogée dans le cadre d’une enquête pour fraude.

Mais Ibragim Yangulbaev, réfugié en Europe, estime que sa mère paye pour son engagement et celui de son frère. Lui-même avait été enlevé, en Tchétchénie, en 2015. « Ils m’ont torturé. Ramzan Kadyrov en personne m’a torturé. On m’a torturé avec de l’électricité, et des objets divers. J’ai été détenu 6 mois dans une cave ».

Sur Telegram, Ramzan Kadyrov menace directement la famille Yangulbaev : « Elle doit être en prison ou sous terre », écrit le dirigeant tchétchène. Quant au Kremlin, son porte-parole, Dmitri Peskov affirme qu’il n’est pas au courant des détails de l’enlèvement à Nijni Novgorod et préfère même « ne pas y croire ».

Une attitude qui n’étonne pas Ibragim Yangulbaev. « Ramzan Kadyrov peut enlever n’importe quelle personne qui le critique, n’importe où en Russie. Le pouvoir de Kadyrov a été mis en place et est soutenu par Vladimir Poutine. La Russie est responsable de ce qui se produit en Tchétchénie : les enlèvements, les tortures, les meurtres, parce que ces gens-là sont des fonctionnaires de la Fédération de Russie. »

Le Comité contre les tortures a saisi en urgence la Cour européenne des droits de l’homme estimant que la vie de Zarema Moussaeva était en danger.

rfi.fr