Plusieurs Tchétchènes ont déjà été expulsés vers la Russie depuis octobre 2020. Au moins deux d’entre eux ont été torturés et contraints d’avouer les crimes qu’ils n’ont pas commis. L’un d’eux a quitté la Russie à l’âge de 9 ans !
Des dizaines de Tchétchènes dans des centres de rétention administrative et attendent leur sort.
D’autres sont exclus du statut de réfugié et accusés de constituer « une menace pour la sûreté de l’Etat ».
J’ai appris aujourd’hui qu’un autre de nos compatriotes, appelons-le D., avait été convoqué par l’OFPRA afin de mettre fin à sa protection et de le déclarer dangereux pour la France, c’est-à-dire de l’inscrire dans la liste pour expulsion vers la Russie.
Portant, l’OFRA admet elle-même que cette personne a participé à la première guerre tchétchène, c’est-à-dire qu’elle est un ennemi réel, et non fictif, de la Russie et de ses marionnettes.
Mais, selon l’OFPRA, il est possible qu’il « commis des agissements contraires aux buts et principes des Nations-Unis », sans préciser la nature de ces « agissements ».
Je ne sais pas ce que faisait D. en combattant pour son pays avec l’agresseur russe.
Peut-être qu’il a fait quelque chose de mal, et moi, comme tous les gens normaux, je suis prêt à condamner les crimes commis par n’importe qui, qu’il soit Tchétchène ou non.
Mais que va faire l’OFPRA, ou plutôt son tuteur – le ministère de l’Intérieur, à l’égard de la Russie? Le ministère français de l’intérieur va-t-il rompre les relations, arrêter la coopération, punir en quelconque maniére la Russie, qui a déclenché deux guerres criminelles contre les Tchétchènes, dans lesquelles elle a utilisé des armes lourdes contre des civils, des femmes et des enfants? Qui a mené des opérations sanglantes de «nettoyage» à Samashki et à Novye Aldy, où l’armée et la police russes ont massacré des dizaines de civils tchétchènes? Contre la Russie, qui a déclenché une guerre d’agression contre la Géorgie en 2008, qui en 2014 a occupé et s’approprié une partie du territoire ukrainien et soutient les groupes terroristes qui combattent les forces gouvernementales à l’oust de l’Ukraine. Contre la Russie, qui continue de bombarder des objets civils, y compris des hôpitaux, en Syrie aujourd’hui?!
L’OPPRA accuse également D. d’être associé à « un réseau de djihadistes islamistes ».
Nous connaissons bien ces clichés, presque les mêmes ont été et continuent a être utilisés par les pouvoirs russes contre les Tchétchènes.
Mais si ces accusations de l’OFPRA sont fondées, pourquoi une enquête policière n’a-t-elle pas été ouverte ? Pourquoi pour cette » association » n’est-il pas jugé équitablement et publiquement par un tribunal indépendant et impartial où toutes les garanties nécessaires à sa défense lui seront assurées ?!
L’OFPRA l’accuse de soutenir » l’Emirat du Caucase devenu Wilaya du Caucas de l’organisation Etat Islamique… ».
Suivant cette logique, demain, n’importequel partisan de l’indépendance de la Tchétchénie pourrait être révélé «soutenir la République Tchétchène d’Itchkérie, devenue l’Emirat du Caucase, devenu le Wilaya du Caucase de l’EI»
Comme la plupart des Tchétchènes, je suis contre toutes les formes de terrorisme et je ne soutiens et je ne défends aucune organisation terroriste.
Mais encore une fois, si D. a soutenu l’une des organisations terroristes, pourquoi les autorités françaises ne le jugent pas en audience publique, ne prouvent pas sa culpabilité, et après l’avoir prouvé, ne le punissent pas selon la loi française, mais le privent du statut de réfugié et essayent de le présenter en tant que hypothétique « danger pour l’État » pour justifier son expulsion probable vers la Russie. Vers la Russie, dont les prisons en termes de cruauté sont à égalité avec les maniaques et sadistes de l’organisation Etat Islamique, et peut-être même les surpassent.
Est-il permis, même si une personne a vraiment soutenu des terroristes, de le livrer dans les mains d’impitoyables sadistes ?
Et les héritiers des services répressifs de Staline, les services spéciaux russes d’aujourd’hui, qui tuent leurs ennemis dans le monde entier, y compris en France, comme cela s’est produit avec le blogueur tchétchène Imran Aliyev, assassiné à Lille en janvier 2020, qui empoisonnent les opposants du régime, comme c’est arrivé avec Alexei Navalny en août 2020, ne sont-ils pas des organisations terroristes ?!
Les tragédies les plus terribles de l’humanité ont commencé progressivement avec le consentement tacite de la majorité. Une société dans laquelle le plus faible n’est pas protégé de l’arbitraire peut rapidement sombrer dans le despotisme.
J’espère que la France, qui considérée comme de la patrie des droits de l’homme, sera en mesure de défendre ce titre élevé et ne permettra pas l’arbitraire à l’égard du petit peuple tchétchène épris de liberté.
Moussa Kourabanov