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Dans une enquête conjointe, The Insider, Bellingcat et Der Spiegel ont réussi à obtenir des détails sur le meurtre du tchétchène Zelimkhan Hangoshvili à Berlin. À en juger par les données disponibles, le tueur était un homme qui travaillait pour les services spéciaux russes.
À la suite d’une enquête commune, The Insider, Bellingcat et Der Spiegel ont réussi à établir que le meurtrier était arrivé en Allemagne en passant par la France avec un nouveau passeport au nom de Vadim Andreïevitch Sokolov, né le 20 août 1970 (cette personne n’existe en réalité dans aucune base de données, y compris la base de données des passeports russes). Le fait même que Sokolov ait pu obtenir un passeport sous un nom fictif témoigne de son lien direct avec l’État – même s’il réussissait de quelconque manière à fabriquer un passeport russe par lui-même, il ne pourrait pas passer par le contrôle de la frontière russe, le système corrèle automatiquement les données du passeport numérisé avec le système Rospasport, dans lequel Sokolov ne figure pas. Ainsi, soit il a traversé la frontière dans un ordre spécial (accompagné d’agents du FSB), soit il a été present dans le système Rospasport et en a ensuite été retiré (ce qui est impossible sans l’implication officielle des services spéciaux russes).
Il s’est avéré que son adresse à Saint-Pétersbourg, qu’il a indiqué lors de la demande de visa est inéxistante. Comment le consulat de France a délivré un visa pour entrées multiples à une personne avec un passeport vide non biométrique émis sous un nom inexistant est un grand mystère.
Un passeport au nom de Sokolov a été imprimé le 18 juillet 2019, à peine 10 jours avant le voyage prévu, et personne n’avait voyagé à l’étranger sous ce nom auparavant (à titre de comparaison, les faux noms «Boshirov» et «Petrov» avaient déjà été utilisés par Chepiga et Mishkine lorsqu’ils ont empoisonné les Skripals). C’est peut-être une preuve de hâte et peut-être une précaution: le grand échec du GRU après l’affaire Skripals, lorsqu’une enquête menée par The Insider et Bellingcat a révélé que les noms réels et faux des officiers du GRU sont facilement calculés à partir des numéros de passeports et des bases de la police de la circulation, pourrait être l’une des raisons pour lesquelles les agences de renseignement auraient dû craindre que les vieux noms fictifs soient déjà illuminés.
Selon les forces de l’ordre locales, le meurtrier (taille 176 cm, poids 86 kg) portait également un tatouage en forme de panthère et une couronne à l’épaule gauche et un serpent au bras sous le coude. Les officiers des services spéciaux ne se font pas tatouer (à moins qu’il s’agisse d’une opération spéciale), par conséquent, Orlov lui-même n’était probablement pas un membre du personnel. Selon les concepts de la prison, de tels tatouages peuvent être accordés par l’autorité, qui se situe à un niveau élevé dans la hiérarchie des voleurs. Ce n’est pas la première fois que des services spéciaux font appel à des représentants du monde criminel pour mener des opérations spéciales. Dans une affaire récente, le FSB a envoyé en Ukraine un ancien employé de FSKN reconnu coupable de corruption pour mener une attaque terroriste.
On ne peut exclure que Sokolov soit lui-même d’origine tchétchène. En tout état de cause, cette méthode d’élimination des ennemis est également répandue. De même, par exemple, un gangster (et un Tchétchène de naissance) Arthur Denisultanov-Kurmakaev (Dingo) a tenté d’assassiner un Tchétchène Adam Osmaev à Kiev en 2017.
Affaire à suivre