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Comment les forces de l’ordre françaises ont fait de mécaniciens tchétchènes des racketteurs.
Le 13 octobre, le journal « Le Figaro » a publié un article sur l’interpellation de 23 tchétchènes « racketteurs »dans la ville de Livry-Gargan. Selon les informations divulguées, les suspects extorquaient de l’argents aux chauffeurs de bus et de camions venant de l’Europe de l’Est, afin de pouvoir entrer dans la capitale française – selon les dires du journal – les chauffeurs étaient contraints de payer environ 200 euros.
Les rédacteurs du communiqué de presse affirmaient qu’une grande partie du groupe arrêté figure sur la liste des fichés S et présente une éventuelle menace pour la France.
Le garage « GTS », d’après le Figaro serait le siège du« gang de racketteurs », il se trouve à 16 km au nord-est de Paris. Sa surface est de 1500 m² dont 700 m² de surface habitable au deuxième étage, occupé par les employés.
La correspondante de « Le Caucase : Les réalités » s’est vu accordée une interview par l’un des employés de l’entreprise automobile, et lors de cet entretient plusieurs des présumés « racketteurs » se sont manifestés. Chacun a décrit en détail ce qu’il faisait au moment de l’interpellation policière le 13 octobre.
Ils ont exigé de nous qu’on « ferme notre bouche »
Abdoulmalik Jounkhoutov, âgé de 32 ans, pour commencer a proposé de nous montrer les portes du garage que la presse avait décrite comme « blindées ». Nous avons fait le tour du garage, qui occupe une assez grande surface, et nous avons vérifié chacune des portes de ce bâtiment sur les deux étages. Et aucune n’était blindée.
Depuis septembre 2018 Abdoulmalik travaille en tant que consultant au garage, et durant la nuit de l’intervention, il se trouvait au deuxième étage.
« Au départ nous avons entendu des cris provenant d’en bas, et bien entendu, nous n’avons pas tout de suite compris de ce qu’il se passait « se rappelle-t-il. » Le soir, peu avant la descente, j’ai reçu la visite de mon amis Zaour vivant à Cannes qui m’attendait dehors. Nous voulions sortir pour nous promener à Paris. Je me suis alors précipité à l’étage pour voir ce qui s’y passait. Et j’ai vu, en premier lieu, Zaour, menotté et plaqué au sol. La seconde qui suivit, je me suis retrouvé dans la même position, au sol près de lui. »
Une partie des agents toujours, selon les paroles de Abdoulmalik examinait le garage, en cassant les fenêtres au passage et faisant sauter les portes.
« Lorsque j’ai commencé à crier en leur demandant de prendre les clés et d’arrêter de tout détruire, ils m’ont ordonné de me taire en me menaçant avec les chiens. Nous avons dû passer environ 2 heures, plaqué au sol, il continue alors son témoignage. Au commissariat ils nous ont posé des questions personnelles : où, avec qui, comment et ce que l’on faisait, et s’il y avait des chefs mafieux dans le garage.
Au commissariat, l’atmosphère était un peu plus détendue, les agents de police moins agressifs, et nous avons été relâchés le lendemain.
A la fin de l’interrogatoire, un document a été remis à Abdoulmalik indiquant qu’il avait employé son cousin, un demandeur d’asile, « au black ».
« Il n’est pas encore autorisé à travailler sur le sol français. Mon cousin m’aidait au garage et je partageais mes revenus avec lui pour qu’il ne se sente pas à ma charge. J’ai été honnête en racontant cela à la police, et j’ai dû en payer les conséquences », déclare Jounkhoutov dépité.
« Si tu es Tchétchène, tu es automatiquement un criminel »
Zaour Demelkhanov, l’ami d’Abdoulmalik Jounkhoutov, vit depuis 11 ans à Cannes. Juriste dans le passé, c’est par hasard qu’il s’est retrouvé dans le fameux garage.
» J’attendais Abdoulmalik à l’entrée du garage en prenant mon café. A ce moment là je me trouvais à Paris depuis déjà quelques jours et j’avais décidé de retrouver un vieil ami », il ajoute alors à son exposé des faits, que tout s’est déroulé très vite et qu’il a seulement eu le temps de voir un véhicule arrivé à grande vitesse et entré dans le garage.
« On m’a plaqué au sol tout en me menottant – dit-il. Après cela, un groupe d’individus habillées en noir se sont précipités à l’intérieur du bâtiment. Quelque temps après, nous avons été transféré au commissariat. On m’a tout de suite annoncé que l’on n’avait aucune charge à mon égard. La police avait reçu une information selon laquelle plusieurs Tchétchènes se seraient réunis au garage. Le lendemain, avec 14 ou 15 autres personnes nous avons été relâchés».
Selon ses mots, Zaour a été choqué non seulement par cette opération mais encore plus par ce qu’il a pu lire par la suite dans la presse.
« On nous a traité de « gang » interpellé en flagrant délit, en plein trafic d’argents. Affirmant que nous étions sur la liste des personnes fichés S ! – s’indigne ce jeune homme. De nos jours, n’importe qui peut traiter un Tchétchène et l’accuser de banditisme et de terrorisme, sans avoir la moindre conséquence après. La présomption d’innocence en ce qui nous concerne n’est pas respectée : si tu es Tchétchène tu es automatiquement un criminel ».
Demelkhanov prête attention au fait que personne ne leurs a présenté d’excuses, et il n’est apparu aucun démenti suite à l’article diffusé par le Figaro.
« Encore une fois on nous a collé l’étiquette de criminels sur le dos » – s’exprime t-il
S’ils avaient essayé de faire la même chose avec des Français…
Guelani Kourbanov, âge de 34 ans, a quitté le Kazakhstan pour s’installer en France. Il est employé au garage depuis le mois de septembre.
Il raconte que le soir de l’opération, il s’est attardé sur son lieu du travail car Nikolaï, le mécanicien, lui avait proposé qu’ils dînent ensemble.
« Nous nous sommes rendu dans un snack afin de s’acheter de quoi grignoter, et de retour au garage, nous avons eu à peine le temps de nous mettre à table, que nous avons entendu des tirs et des détonations. Je me suis précipité à la fenêtre : des lumières infrarouges étaient pointées sur moi et on m’a ordonné de me mettre à terre. Avec Nikolaï, nous nous somme exécutés, et quelques instants plus tard, ils ont ramené d’autres collègues présents dans le bâtiment, également menottés et ils les ont allongés près de nous » – raconte-t-il.
« Durant l’opération nous avions un client présent au garage, celui-ci a été gravement traumatisé. Il était censé prendre la route le lendemain, ce qui explique la raison de sa présence, il s’y était pris tard pour faire la révision de son véhicule. (A plusieurs reprises il a exprimé le souhait de pouvoir appeler son épouse, toutes ses demandes ont été rejetés »
« Nous disposions sur la table, d’un vase rempli de fruits, un des policiers s’est servi et a distribué le reste du contenu à ses collègues. Ils ont éparpillé les déchets un peu partout et se comportaient d’une manière très arrogante » – précise Guelani. Au garage, nous avions également des distributeurs automatiques contenant des confiseries et du café, ils les ont éventrés et ont ramassé tout le contenu. Et cela, malgré le fait que Malik leur proposait les clés, pour pas qu’ils détruisent tout sur leur passage ».
Kourbanov réfute également l’information disant que la police aurait saisi une somme d’argents importante sur leur lieu de travail. Il s’agirait de 270 euros qu’avait en sa possession le mécanicien, 430 euros appartenant à un employé pakistanais et 300 euros étant à un tiers.
» Si l’on faisait l’addition du contenu de nos poches en y ajoutant la caisse du garage on arrivait maximum à deux ou trois mille euros. Et d’ailleurs en ce qui concerne cette somme d’argent, elle ne nous a toujours pas été rendue ». De plus le reporter du » Le Caucase: Les Réalités » s’interroge toujours sur le fait que sur les 5 télévisions que le garage possédait, la police n’a eu d’intérêt que pour trois d’entre elles.
D’après les dires de Guelani, les forces de l’ordre ont également emporté 3 cameras de l’atelier du garagiste.
« Je possédais aussi un sac contenant deux pantalons neuf, qui a disparu, il n’y a plus aucune trace de celui-ci. Les policiers se sont permis de dégrader des voitures stationnées dans le parking, et quand nous avons évoqué cet acte, nous avons comme réponse :« Vous avez une assurance, donc vous serez remboursés » » ajoute –t-il.
Les employés du garage envisagent de se tourner vers la justice, et de déposer une plainte afin d’avoir des explications sur les agissements de la police et une restitution de leurs biens.
« Aux infos, ils ont déclaré que nous étions « un groupe criminel organisé » auquel la police aurait saisi une arme de poing et des cartouches, mais en dehors de nos affaires personnelles et de notre argent, ils n’ont rien trouvé. Ah, si ! Ils ont emporté un pistolet à gaz qui se trouvait dans une boite cadeau dans le bureau. Ils disent que cette opération a été préparée en amont depuis 2-3 mois. C’est du délire ! Si cela était vraiment le cas, les policiers ne pouvaient pas ne pas connaître les employés du garage et ignorer qu’ici travaillaient des ressortissants de l’ancienne URSS » – Guelani souligne les incohérences de la presse.
Le jeune homme ne comprend toujours pas : « Comment peut-on organiser un tel « show » et faire autant de bruits dans la presse, pour déclarer par la suite : « Nous avons simplement vérifié une information dont nous disposions « .
« Je doute forte, qu’ils auraient osé se comporter de la même sorte avec des Français » – résume-t-il.
« Avez-vous lu que des malfaiteurs tchétchènes ont été arrêtés ? Il s’agit de Nikolaï et moi ! »
Lors de cette opération, la police a embarqué dans la foulée Olga Kotchoubinskaya, présente sur les lieux. C’est une ressortissante ukrainienne de 51 ans, qui réside depuis plusieurs années avec son fils Nikolaï. Celle-ci se remémore avec beaucoup d’émotion le soir de l’arrestation.
« Nous vivions dans un squat, avant, jusqu’à ce que l’on nous expulse de celui-ci. C’est à ce moment là que nous avons appris l’ouverture de ce garage et qu’il y avait du travail disponible. Nous avons alors emménagé ici, où nous vivons toujours aujourd’hui. Mon fils travaillait de temps en temps au garage » – déclare-t-elle.
Et à présent, Abdoulmalik, qui a tenté d’apporter son aide à la famille d’Olga, devra faire face aux conséquences pour avoir embauché Nikolaï, qui est sans papiers.
« Après avoir vérifié nos identités, les policiers nous ont libéré… Pour les personnes ayant un mental fragile tout cela est très traumatisant » – affirme Olga. « Il suffit de se rappeler du raisonnement des bruits assourdissant des tirs et des explosions de portes… C’était effrayant. Je me suis précipitée hors de ma chambre pour voir ce qu’il se passait et un des policiers a pointé son arme sur moi. Ensuite des interprètes russes nous ont cité nos droits, donné des explications sur les accusations dont nous faisions objets, et la liste était longue « .
« J’ai vécu 51 ans, et je n’avais jamais eu à vivre un tel événement,une intervention policière, un interrogatoire musclé, ce n’est pas rien. Et au moment où nous nous remettions de tout cela, j’ai été outré de lire cet article publié sur le net. J’ai passé un coup de fil à mes proches en Ukraine en leur demandant : Avez-vous des informations qu’en France des malfaiteurs tchétchènes ont été arrêtés ? Et bien, il s’agit de Nikolaï et moi-même » – s’exprime Olga avec sarcasme.
D’après elle, ses proches sont restés bouche bée (et ont perdu la parole).
« Je pensais que de telles choses ne se produisaient qu’en Ukraine ou en Russie, et bien, je me trompais. »
« J’ai remarqué que mon sac de sport ainsi que mes disques pour les haltères ont disparu après leur passage » – déclare Nikolaï, en riant jaune.
La correspondante de «Le Caucase: Les Réalités » a pu rencontrer quasiment tous les interpellés du 13 octobre : Abdoulmalik Jounkhoutov, Zaour Demelkhanov, Akhmad, Olga et Nikolaï Kotchoubinskiy, B. Makhaouri, Magomed T., Guelani Kourbanov, Igor V., S. Alen, Abit L. Rachid, Nikolaï P. et Islam S.
Sur les 23 interpellés, 19 ont été relâchés après deux ou trois jours, la police n’avait aucune preuve à charge à leur encontre. Quatre seulement sont restés en garde à vue. Seul le nom de Roustam Oustarkhanov figurait sur la liste des fichés S, pouvant représenter une éventuelle menace pour la France.
Les avocats de ces quatre s’abstiennent de tout commentaires.
L’activité du garage « GTS » est suspendu en attendant la fin de l’enquête, tout l’outillage est scellé, les voitures ne sont pas rendues aux clients, les comptes sont bloqués.
Au dire d’un des propriétaires de l’activité de l’atelier, ne reprendra probablement pas. « Cela n’a plus aucun sens. Avec la réputation que la police et la presse nous ont créée, même si tout s’arrange au niveau de la justice, aucun client ne nous confiera de nouveau sa voiture. Toute la ville est au courant de cette opération policière. Tout le monde a entendu les explosions des portes et les cris, et maintenant comment tu peux prouver que tu n’es pas un brigand ? », – résumes l’interlocuteur de « Le Caucase: Les Réalités ».
Zara Mourtazalieva www.kavkazr.com
на нас презумпция невиновности не будет работать, пока мы не начнём адвокатов нанимать, не жалея денег, и будем свои права защищать как европейцы. Мы привыкли, что нас по полу таскают и потом некому за это отвечать.
Il y a vraisemblablement une campagnie dans les médias français de création d’une image négative des Tchétchènes. C’est pas bête parce qu’il faut toujours avoir un ennemi intérieur. Pour les Nazis c’était les Juifs, pour Staline les Trotskists, les « Koulaks » cad les fermiers richs etc.
Да всегда так, с шумом арестовывают, телевидение газеты, все раздувают, а потом потихоньку выпускают. Проблема в том что каждый из нас думает « я ничего такого не делаю, со мной такое не случится ». А когда случается, все молчат, как и он. Шун Дала аьтто бойль, продолжайте работать, хватит нам молчать!!!
это очень хорошо что всех выпускают после таких громких представлений, в этом плане очень радует что После реального разбирательства всех отпускают домой. А вот как это делают и пиар Сми это печалит конечно, все остальное лечится через жалобы и адвокатов, не друг другу рассказывать эти истории а писать жалобы и нанимать адвокатов.
Дала мукълахь из этого что то получится
[…] n’est pas la première fois qu’on entend parler de ce genre d’incidents dans différentes régions de France : des scenes similaires à des scenes d’Holleywood, des […]