Rôle de la règle dans la médecine pénitentiaire russe

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Dans la colonie pénitentiaire no.1 de Iaroslavl on traitait les victimes des tortures en mesurant leurs lésions avec une règle.

Le comité d’enquête a commencé l’inspection des actions du personnel médical de la colonie pénitentiaire (CP) no. 1 de la région d’Iaroslavl, dont nous avons mentionné, plusieurs fois, les tortures systématiques.

Une nouvelle a été amorcée à la demande d’Irina Birukova, avocate de la Fondation de défense des droits de l’homme « Obschtestvenny verdict », représentant les intérêts des anciens prisonniers Ievguéni Makarov, Rouslan Vakhapov et Ivan Népomniantchikh, qui ont été torturés dans cette prison. L’avocate penseque non seulement les médecins n’ont pas apportéaux prisonniers les soins médicaux nécessaires, mais qu’ils ont produitdefauxdocuments pour dissimuler ces faits.

Les enquêteurs ont reçu un certain nombre de preuves, telles que des photos et des notes consignéesdans le « Cahier d’enregistrement de l’usage de la force physique » et huit fichiers vidéo tirés des enregistreurs vidéos des employés du Service Fédéral de l’exécution des peines (FSIN), qui avaient filmél’examen médicaldes prisonniers après une bastonnade. Ces documents prouvent que les actions du personnel de santé contiennent des éléments d’une infraction entrant dans le champ d’application de l’article 293 du Code pénal de la Russie, à savoir « Négligence ».

Le cahier d’enregistrement de l’usage de la force physique de la CP-1 d’Iaroslavl

Le cahier d’enregistrement de l’usage de la force physique est un document où les employés de la prisondoivent inscrire chaque action impliquant la violence par rapport aux prisonniers. Dans la CP-1 ce cahier est tenu depuis 2010 jusqu’à présent. 

Pourtant, la plupart des inscriptions sont faites de avec lamême écriture et lamême couleur d’encre, comme si on avaitrempli le cahier, spécifiquement dans en
l’attente del’inspection à venir.

Les notes dans le cahier faites en novembre 2016 

Le29 novembre 2016, il est noté quequatre prisonniers : Kostoïev, Volkov, Kérimov et Mamfotikh ont étébattus. Pourtant, dans la vidéo précédemment partagée sur le site web de « Novaïa », on voit qu’ils n’étaient pas les seuls à être battus. On battait des prisonniers en les faisant passer par les baguettes .Cela n’est pas mentionné ni dans ce cahier d’enregistrement, ni sur ceux enregistrés par l’avocate. 

Prisonniers battus dans un couloir de la CP-1. Le vidéo a été remis à « Novaïa » par des défenseurs des droits de l’homme.

Les enregistrements vidéo fournis par Birukova et mis à ladisposition des enquêteurspermettentde voir comment les examens médicaux étaient pratiquéssurdes prisonniers qui avaient été roués de coups. On peut voir nettement que les soins médicaux étaient quasiment inexistants, l’examen se passait d’une manière formelle, sans équipements ni matériels médicaux nécessaires. Ainsi, l’examen du prisonnier Karimov, qui ayant été affreusement battu a dû s’accrocher au mur, plusieurs fois, pour ne pas tomber, avant d’arriver au cabinet médical, n’a duré que quelques minutes.

La femme-médecin ne possédait aucun autre outilque des gants blancs et une règle en plastique pour mesurer les dimensions des hématomes.

L’examen du prisonnier Kérimov. Une image de l’enregistreur vidéo d’un employé de la FSIN

Rouslan Vakhapov a été examiné par le médecin à travers des barreaux. Vakhapov se trouvait dans un « verre », comme ils ont l’habitude de l’appeler, une petite cage dans laquelle on transfère les prisonniers d’une cellule à l’autre.

 «Le travail du personnel médical d’un établissement pénitentiaire est un élément clé pour la prévention des tortures», écrit Birukova dans sa plainte. « Pourtant, dans ce cas, le personnel médical, ainsi que les employés de l’établissement pénitentiaire qui ont amené les prisonniers pour l’examen médical, ont caché les activités criminelles aux organes d’enquête et de surveillance ; Ils ont fait preuve dans l’exercice de leur profession, d’une grande négligence et même, on peut le dire d’un certain « je m’en foutisme » Ils sont ainsi devenus les complices de ces crimes ».

Rappelons que cet été tout le pays a su ce qui se passait à la CP-1 de la région d’Iaroslavl. Irina Birukova, avocate de la Fondation de défense des droits de l’homme « Obstchestvenny verdict », a passé à Novaïa une vidéo démontrant comment les employés de la colonie battaient brutalement le prisonnier Makarov. Un grand scandale a éclaté : le directeur de la FSIN a publiquement présenté ses excuses, et une enquête pénale a été ouverte contre un certain nombre d’employés de la prisonen vertu de l’article 286 du Code pénal de la Fédération de Russie – «Abus de pouvoirs avecl’emploi de la force».

Au cours d’une enquête ultérieure, il s’est avéré que le cas d’Ievguéni Makarov était loin d’être unique. Dans la CP-1 de la région d’Iaroslavl, les tortures sont devenues un système. Les tortures sont appliquées non seulement sélectivement, mais aussi collectivement : des troupes spécialisées viennent de temps en temps à la prison pour battre tous les prisonniers.On appelle cela « un apprentissage». Cependant, au fil des années, ce ne sont que trois prisonniers – Ievguéni Makarov, Rouslan Vakhapov et Ivan Népomniachtchikh – qui ont osé porter plainte et exiger qu’une enquête soit ouverte.

Novaïa Gazeta