Lettre ouverte adressée au Ministre de l’intérieur Gérard Collomb.
Monsieur le Ministre,
La France qui condamne les actes de violence à travers le monde et a accueilli plusieurs milliers de réfugiés sur sa terre, a de nouveau été victime des ambitions sanglantes et cruelles des barbares le 12 mai 2018.
Nous déplorons profondément ce qui s’est passé et adressons nos sincères condoléances aux familles des victimes de cette tragédie.
Ce qui s’est passé récemment à Paris a choqué tous les Tchétchènes européens qui ne sont pas indifférents à notre réputation et à l’avenir de nos enfants.
Cela s’est passé après que notre communauté ait publiquement condamné l’attaque terroriste qui s’est produite récemment à Trèbes.
Cet attentat porte un coup non seulement au peuple français, mais aussi au peuple tchétchène et à sa lutte pour sa liberté et son indépendance, et nous espérons que les services compétents de la République Française éclairciront la question à qui cet attentat était profitable…
Nous, les Tchétchènes, condamnons toutes sortes d’actes de violence où des gens innocents périssent.
Nous les Tchétchènes, vivant en France, nous sommes également profondément préoccupés par l’hystérie anti-Tchétchène qui a débuté en France après l’attentat du 12 mai. Certains journalistes français accusent la France d’avoir été aveugle pendant 20 ans et d’avoir accepté des réfugiés tchétchènes sans mentionner les difficultés qui nous ont forcé à quitter notre patrie. Ils accusent également les Tchétchènes d’être radicalisés 20 fois plus que d’autres, se référant à certains chiffres du Ministère de l’Intérieur. Ils exposent l’ensemble du peuple tchétchène sous un jour négatif, affirmant dans leurs articles que les Tchétchènes constituent une menace pour la société française.
Àla veille de la visite du président Emmanuel Macron à Moscou, certains médias français, attisant le feu de la situation actuelle, ont donné de fausses informations sur un soi-disant attentat immédiat déjoué à Marseille impliquant des Tchétchènes alors que le suspect était en fait un Bulgare.
De plus, ont été diffusées de fausses informations selon lesquelles un jeune français tué à Pau aurait été tué par un Tchétchène, ce qui s’est avéré faux.
Bien que dans de rares cas, ces fausses informations soient suivies par une réfutation, ces accusations ont un impact très négatif sur les relations entre les Français et les Tchétchènes. En outre, de telles actions nuisent à la formation de la personnalité de la jeune génération tchétchène.
Les jeunes Tchétchènes qui ont grandi en France dans des valeurs humanitaires universelles, démocratiques et qui sont loin des jeux politiques ne comprennent pas pourquoi l’hystérie anti-tchétchène s’est propagée à une telle échelle à cause de l’action d’une seule personne. Et les parents craignent que, dans la situation actuelle, leurs enfants grandissent avec une dignité blessée, ce qui peut avoir un impact très négatif sur la formation de leur vision du monde.
Les Tchétchènes qui veulent vivre et élever leurs enfants en paix sont indignés par les actions de ceux qui ont décidé de donner au terrorisme une ethnicité.
Monsieur le Ministre, nous vous demandons de bien vouloir prendre les mesures nécessaires pour arrêter la propagande anti-Tchétchène en France, et nous à notre tour continuerons à travailler pour le bien de la France, le pays qui a chaleureusement accueilli sur sa terre notre peuple tourmenté, et élèverons nos enfants sur les principes de l’humanisme.
Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de notre considération distinguée.
Le groupe initiative tchétchène contre le terrorisme et la discrimination.