Les autorités françaises vont expulser en Russie un réfugié tchétchène de 37 ans, l’activiste Magomed Gadaev. Au tribunal, l’avocat a prouvé qu’il avait été menacé de torture dans son pays natal.
Gadaev a été détenu et placé dans un centre de rétention administratif le 8 avril lorsqu’il s’est rendu à la police pour se pointer, a déclaré sa femme à Kavkaz.Realii. Il s’y rendait journalièrement sous demande du tribunal, qui a annulé, fin mars, son expulsion.
« Je suis restée près du commissariat pendant trois heures avec un petit enfant, ils m’ont dit qu’il était dedans. Mais par la suite le chef est sorti et m’a dit qu’il n’y était plus chez eux, d’autres policiers qui n’étaient pas de cette ville l’ont emmené quelque part. L’avocat a contacté la préfecture et toutes les instances possibles, « – a déclaré l’épouse de Gadaev.
Bientôt, Gadaev l’a contacté et lui a dit qu’il se trouvait dans un centre de rétention administrative qui se trouve près de l’aéroport, il y avait auparavant passé plusieurs mois, jusqu’au 25 mars. Il a précisé que lors d’une conversation avec lui, la police a évoqué une certaine décision du ministre français de l’Intérieur de l’expulser vers la Russie à 9 heures le lendemain, c’est-à-dire le 9 avril.
Selon son épouse, Gadaev avait peur d’une telle évolution des événements : récemment en France, les cas sont devenus plus fréquents lorsque les Tchétchènes sont libérés d’un centre de rétention administrative, puis soudainement se retrouvent de nouveau détenus et expulsés.
« Et cela malgré la récente décision du tribunal selon laquelle il ne devait pas être expulsé vers la Russie, et malgré le fait que dans 20 jours, en France, il doit se présenter devant la CNDA au sujet du statut de réfugié ! », a souligné Mme Gadaeva.
Magomed Gadaev est membre du conseil d’administration de l’association « Bart Marsho » et membre de l’Assemblée des Tchétchènes d’Europe. Il a été arrêté en octobre 2020 à la suite de l’attention accrue des forces de l’ordre à la diaspora tchétchène après le meurtre du professeur de français Samuel Paty.
Après l’arrestation, M Gadaev a été placé dans un centre de rétention administrative. La décision d’expulsion a été prise, mais elle a été suspendue, car M Gadaev était tombé malade du coronavirus. Au printemps, le tribunal a complètement annulé l’expulsion : l’avocat Me Arnaud Toulouse a prouvé que dans une prison russe, Gadaev avait été torturé et contraint de calomnier d’autres personnes lors d’un interrogatoire en tant que témoin dans une affaire de torture.