Coronavirus : en Russie, la santé du président tchétchène, Ramzan Kadyrov, traitée comme un secret d’Etat

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Selon de nombreuses sources, le président tchétchène, malade du Covid-19, a été soigné à Moscou. Les officiels tchétchènes démentent avec obstination

Où est Ramzan Kadyrov ? La question, simple, vire à l’affaire d’Etat en Russie, et plus encore en Tchétchénie, république du Caucase dont il est le président. Les premières informations faisant état d’une contamination au Covid-19 du dirigeant de 43 ans et de son hospitalisation à Moscou sont apparues jeudi 21 mai, sur un site d’investigation, Baza, disposant de bons relais dans les milieux du renseignement.

Chose inhabituelle, ces informations ont été confirmées par les trois agences officielles, TASS, RIA Novosti et Interfax, avançant leurs propres sources. « Ramzan Kadyrov a été transporté par avion à Moscou, on soupçonne le coronavirus. Il est sous observation de médecins », a ainsi écrit la première. RIA confirmait aussi un transfert dans la capitale.

La contamination d’un haut dignitaire russe n’a rien d’exceptionnel. Avant Kadyrov, le premier ministre, Mikhaïl Michoustine, ainsi que plusieurs de ses ministres ou le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, ont déjà été testés positifs au SARS-CoV-2. Certains d’entre eux ont dû séjourner à l’hôpital.

Dénégations contradictoires

Mais, signe de la sensibilité du sujet, la publication de ces informations a entraîné un branle-bas de combat en Tchétchénie même, où les officiels ont multiplié les dénégations, souvent contradictoires. Certains ont démenti toute maladie, comme le président du Parlement, Magomed Daoudov, homme de confiance de Kadyrov et responsable présumé des purges anti-homosexuels de ces dernières années, pendant que d’autres niaient uniquement le transport à Moscou.

Il faut dire que cette hospitalisation dans la capitale, si elle était avérée, ne manquerait pas de sel. En début de semaine passée, le président avait ainsi exigé le renvoi d’un groupe de soignants tchétchènes qui s’étaient plaints, sur les réseaux sociaux, du manque de moyens de protection contre le virus. Il avait aussi forcé les « provocateurs » à s’excuser à la télévision et à confirmer que les hôpitaux du pays étaient parfaitement équipés. Pourquoi, dès lors, rallier Moscou ?

Un élément, relevé le 25 mai par le quotidien Novaïa Gazeta, jette le trouble sur les dénégations officielles: parmi les responsables niant toute contamination de Ramzan Kadyrov, son ministre de la santé, Elkhan Souleïmanov, qui a lui-même disparu de Grozny, la capitale tchétchène, depuis plusieurs jours. Prétendument pour accompagner son chef à Moscou.

Recette à base de miel et d’ail

Cherchant à couper court aux rumeurs, M. Souleïmanov a diffusé une vidéo dans laquelle il explique passer plusieurs jours « en première ligne », à travailler dans les hôpitaux tchétchènes. Mais l’hôpital depuis lequel il s’exprime ressemble comme deux gouttes d’eau à la clinique de l’administration présidentielle, à Moscou, apparue dans différents reportages…

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