Des milices tchétchènes pour pacifier les banlieues ?

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Dans les cités sensibles toulousaines, les bailleurs sociaux font appel à des agences de sécurité privées pour endiguer le trafic de drogue.

Quand l’Etat ne fait pas son travail, le peuple trouve un substitut. Dans certaines cités toulousaines, devenues des territoires abandonnés de la République, ce substitut prend la forme d’agences de sécurité, recrutées par les bailleurs sociaux pour endiguer le trafic de drogue, rapporte La Dépêche du Midi. Leurs employés ont pour mission principale de nettoyer les halls d’immeubles dans lesquels certains « habitants ne pouvaient même plus entrer à cause des trafiquants »

« Nos seules armes de défense, ce sont nos poings »

Devant les déménagements en masse et le refus de la préfecture de Haute-Garonne de lui venir en aide, Toulouse Métropole Habitat (TMH) a décidé d’agir. Dès 2016, TMH a décidé de faire appel à une société marseillaise nommée l’Azuréenne de protection. Cette agence embauche une majorité de ressortissants tchéchènes, de confession musulmane, aguerris et endurcis par leur passé d’anciens militaires ou policiers au cœur des zones de conflit. Réputés incorruptibles, ces colosses ne sont équipés ni de matraques, ni de gaz lacrymogène. « Nos seules armes de défense, ce sont nos poings », s’amuse l’un d’eux auprès du quotidien toulousain. Leur rôle ? Garantir la tranquillité des locataires de TMH, veiller à ce que les dealers de tous poils ne squattent pas les halls d’immeuble et remettre en ordre les dits-halls après leur passage.  « On n’est pas là pour leur faire la guerre. On discute et on leur demande de quitter les halls et les parties communes. Une fois qu’ils sont dehors, notre travail s’arrête là », détaille un autre vigile. 

Une baisse du trafic de 45%

La plupart du temps, un avertissement ferme et direct suffit à dissuader les trafiquants de discuter. Mais en deux ans, ces agents ont essuyé des tirs d’armes à feu à six reprises. Si beaucoup auraient fui, eux courent vers les tireurs. « Ce n’est pas dans notre nature de reculer », sourit le même agent. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que la méthode est efficace. Dans le quartier Reynerie, véritable supermarché de la drogue, « le trafic a baissé de 45% », confie Daniel Ferré, directeur général adjoint de TMH, à la Dépêche. Et pourtant, 54% du parc de l’organisme se répartit sur 11 des 16 quartiers sensibles et prioritaires, soit 10 000 logements concernés. Les Chalets et Languedocienne, les deux autres bailleurs sociaux de la région, font appel, eux, au groupement interquartiers de tranquillité et de sûreté, GITeS, composé d’anciens gendarmes ou policiers équipés de matraques télescopiques et de gazeuses. Ils se déploient sur 26 résidences toulousaines, comprenant 5 000 logements. 

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