Les révélations de tortures, exécutions et disparitions ne cessent de se multiplier dans la République d’où les derniers défenseurs des droits de l’homme ont été chassés.
A l’exception de leur chef, Ramzan Kadyrov, banni du réseau social après en avoir été un utilisateur compulsif, les officiels tchétchènes raffolent d’Instagram, où ils diffusent photos viriles et réflexions décomplexées. Vendredi 15 novembre, Alikhan Tsakaev, le chef de la police d’Argoun, cinquième ville de la République située dans l’agglomération de Grozny, se prêtait à l’exercice : « Il est prouvé scientifiquement que le clic du cran de sécurité remplace quarante minutes de discussion éducative, et qu’une balle dans la jambe modifie à près de 100 % le regard sur la vie d’une personne. »
Difficile de ne voir là qu’une blague douteuse d’un fonctionnaire de second rang. La sortie illustre bien un changement profond à la tête de la Tchétchénie, où l’usage de la violence, déjà ancien, s’affiche de manière de plus en plus désinhibée et ouverte sans susciter la réprobation de Moscou.
Début novembre, c’est une intervention publique de Ramzan Kadyrov qui avait suscité un émoi important en Russie. Le président y recommandait de défendre la « concorde » et « l’honneur » de la République « en tuant, en arrêtant, en effrayant ceux qui sèment la discorde », y compris les « utilisateurs d’Internet ».
Electrochocs
Interrogé sur ces déclarations, le porte-parole du Kremlin s’était contenté de remettre en cause la « fiabilité » de la BBC, laquelle s’était pourtant contentée de signaler ce discours… diffusé par la télévision tchétchène. M. Kadyrov lui-même, que de nombreux témoignages d’exilés décrivent comme ayant personnellement pris part à des tortures, s’est expliqué lundi 18 novembre, mettant ces paroles sur le compte de la « culture tchétchène, dans laquelle on dit aussi à ses enfants : “Je vais te tuer !” ». Le mufti de Grozny a également soutenu le président.
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