Menacé de mort pour avoir critiqué le gouvernement

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Le blogueur Toumso  Abdourakhmanov à propos de la déclaration d’une vendetta par  » Lord  » (Magomed Daoudov) et les insultes de Ramzan Kadyrov

Le président du parlement tchétchène, Magomed Daoudov (surnommé «Lord»), qui a perdu le débat en ligne face au blogueur populaire Toumso  Abdourakhmanov, s’est tourné vers des menaces ouvertes. En direct sur Instagram dans la nuit du 9 mars, cet homme avertit son adversaire, qui se trouve en Pologne, pour qu’il vérifie bien que sa porte d’entrée est toujours bien fermée avant d’aller se coucher.

« Mes confrères et moi-même t’annonçons officiellement une vendetta», a déclaré Daoudov, accusant Abdourakhmanov de ses propos critiques sur Akhmat Kadyrov, le père du chef actuel de la République Tchétchène.
Pendant l’interview avec  » Kavkaz.Realii « , Toumso a répété qu’il n’avait pas peur de Ramzan Kadyrov, qu’il le considérait comme « un traître, un tyran et un criminel ».

À propos des menaces et de Ramzan Kadyrov

– Toumso, lors d’une conversation avec le journaliste Maxim Chevtchenko, vous avez déclaré que « vous méprisez la mémoire d’Akhmat-khadji Kadyrov ». Vous rendez-vous compte que vous êtes devenu un ennemi personnel de l’actuel chef de la Tchétchénie ? Prenez-vous au sérieux les menaces de Daoudov ?

– Bien sûr, je prends les menaces de  » Lord  » au sérieux. Malheureusement, ces personnes ont de grandes capacités et représentent une menace sérieuse. Cette fois, Lord a officiellement annoncé la menace, sans même essayer de la dissimuler.
Mais ai-je peur d’eux ? Kadyrov, Lord et autres? Non, je n’ai pas peur d’eux. Bien sûr, je les crains, je suis conscient de ce qui se passe et je comprends que je suis en danger. Bien sûr, je vais renforcer les mesures de sécurité.

– Qui est Ramzan Kadyrov pour vous ? Le fait que vous ne le considériez pas comme un  » padischah  » [le mot utilisé en Tchétchénie pour Ramzan Kadyrov], nous l’avons compris.

– Ramzan Kadyrov est pour moi un satrape russe en Tchétchénie, un traître de mon peuple, un tyran et un criminel.

– Selon la version officielle, il est comme son père, un héros et non un traître.

– Pour le peuple tchétchène, les héros sont ceux qui se sont opposés à l’occupation et qui se sont battus contre l’expansion de la Russie. Tous les Tchétchènes les connaissent et les aiment. Et jamais nous n’avons considéré un héros l’homme qui a juré allégeance à la Russie.

Sur le refus d’un rencontre en ligne avec Lord

– Pourquoi les kadyrovetses sont-ils à tel point intéressés par vous qu’ils vous contactent directement pour un débat ? Hier soir, sans hésiter, vous avez rejeté les demandes de Daoudov de débattre avec lui en live une deuxième fois.

– Je pense qu’ils ont été alarmés par la popularité croissante de ma chaîne YouTube et par le fait qu’ils ont compris que tant de gens partagent mes opinions.
Ils ont essayé de me discréditer avec l’aide de leurs propagandistes, ils ont même fait appel à Chevtchenko, mais Kadyrov n’était pas satisfait du résultat. Par conséquent, je crois que Daoudov, avec qui nous avions déjà parlé six mois auparavant, a de nouveau été impliqué.

– Beaucoup de vos abonnés n’ont pas compris ce que le président du parlement tchétchène a dit à propos de votre mère. Tu as justifié ton refus de parler avec lui par cela.

– Lors d’une récente réunion, Kadyrov m’a appelé bâtard. Et il m’a dit de demander à ma mère qui était mon vrai père.

En direct avec Lord, j’ai demandé s’il était normal que son  » padischah  » dise de telles choses. Lord a répondu: si son padischah disait cela, cela signifiait qu’il avait des informations exactes.

– Quelles émotions ressentez-vous lorsque vous réalisez que vous pouvez facilement refuser une audience en ligne avec Lord, qui semblait autrefois tout-puissant ?

– Je n’ai pas d’émotions particulières. Mais il est bien sûr agréable de voir comment ils se perdent et s’embrouillent dans leurs propres versions. Il est agréable de montrer à ces gens leur incohérence, leur inutilité et leur insignifiance.

À propos des cancres

– Beaucoup de Tchétchènes pensent que les kadyrovetses, après avoir participé à des batailles verbales, ont montré leurs faiblesse. Parce qu’hier, personne n’a osé ciller devant eux, mais ici, les gens ont vu qu’il était possible de discuter avec eux (et même les faire perdre dans leur propre jeu).

– Ils ont montré de la faiblesse non pas parce qu’ils ont montré qu’il est possible de débattre avec eux, mais surtout parce qu’ils avaient l’air d’être comme des cancres au tableau.

– Et que peut-on en répondre ici ?

– Justement, rien. Ils ne peuvent pas résister aux faits. Même le démagogue Chevtchenko n’a pas pu sauver la situation.

– A propos de Chevtchenko. Dans votre fil de discussion commune, il a généralement parlé de manière positive de la Tchétchénie actuelle, sois disant qu’il y a une sorte d’ordre, des écoles sont en construction, etc. Comment  s’est-elle terminée l’histoire avec le cousin de Kadyrov, qui en décembre 2018 a causé la mort d’une famille entière dans un accident de voiture ?

– Par rien. Pour lui  rien n’a changé.

A propos des lapsus

– Daoudov assure qu’Akhmat Kadyrov a appelé la « bonté d’Allah » les accords de Khasavyurt [par lesquelles la première guerre fut terminée] qui ont suivi après l’attaque de Bassaïev sur la maternité à Budennovsk et non pas l’attaque même.

– Quand Kadyrov-père a prononcé ce discours célèbre sur le tracteur, les accords de Khasavyurt n’ont même pas été imaginables. Il a parlé de « l’opération Budennovsk » et des négociations qui ont suivi.

– En 1996, Kadyrov-père, selon la version officielle, a justifié l’attaque de combattants tchétchènes sur Budennovsk, exprimant la volonté du peuple. C’est-à-dire que le père de Ramzan n’avait pas sa propre opinion? Alors il était faible ? Quel est alors la voie d’Akhmad-khaji ? C’est la même chose avec Daoudov, qui semble aujourd’hui être un macho, alors qu’il ressort de votre dernière émission qu’il a participé à la deuxième guerre, parce qu’il avait peur des camarades plus âgés.

– Ils savent parfaitement qui ils sont ! Et le peuple sait qui ils sont ! Mon avis est bien connu, je ne le cache pas et le déclare à toutes les occasions: ce sont des lâches et des traîtres !

– Dans l’un des films les plus populaires, il y avait une telle question  » Quelle est la force, mon frère ?  » Selon vous, quelle est la principale faiblesse de gens de Kadyrov ?

– La faiblesse des kadyrovetses, c’est qu’ils comprennent parfaitement qui ils sont vraiment. Toutes les histoires sur le courage et les grandes actions de Kadyrov, Lord, Khambiyev et d’autres – c’est le fruit de leurs fantasmes, ce sont des histoires qu’ils se racontent eux-mêmes. Comme dans le dicton sur le coucou, qui loue le coq pour qu’il loue le coucou.

Leurs histoires ne contiennent aucune preuve, aucun témoin, aucune vidéo ou matériel photographique indiquant leur participation aux hostilités.
Par conséquent, ils sont obligés de tourner des scènes, où ils courent avec des fusils. Ça a l’air très drôle. Leur faiblesse est que le peuple sait qui ils sont et ils savent que le peuple le sait. Et en plus, il y a moi qui le leur rappelle constamment.

Sur le futur

– Et quoi ensuite ?

– Je n’ai pas à parler de l’avenir. Je ne suis pas dans telle situation. Je voudrais au moins obtenir une sorte de stabilité, dans ce cas-là peut-être quelque chose se tracerait dans ma vie.

– De facto, vous êtes devenu le porte-parole de ceux qui méprisent les Kadyrov. Et, à en juger par les commentaires sur vos vidéos, ils sont très nombreux.

– Oui, je comprends qu’un très grand nombre de personnes regarde mes vidéos,  et ceux ne sont pas seulement des Tchétchènes. Cela me fait très plaisir. J’ai l’intention de continuer mes activités et d’élargir l’audience.

Interview réalisé par Aleksandra Garmajapova

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